Tout a commencé lors d’un voyage au Burkina Faso, Christel qui avait vécu une année à Lubumbashi au Congo voulait revoir et me faire découvrir l’Afrique. A cette époque le Congo n’était pas trop conseillé aux voyageurs et elle communiquait par Hi5 avec notre désormais ami Rasmané Ouédraogo à Ouagadougou. Notre choix se porta alors naturellement vers le Burkina pour notre voyage en mai 2006. Arrivés à Ouagadougou où nous restons un jour ou deux, nous trouvons un moyen de transport pour rejoindre la ville de Pô où nous espérons faire la connaissance d’une petite fille que nous parrainons via une association belge. Le bus que nous empruntons est très rudimentaire et avec la chaleur extrême du mois de mai et le nombre impressionnant de voyageurs de tous bords agglutinés dans le bus, le long voyage s’avère difficile pour Christel qui est souffrante en arrivant à Pô. Après avoir trouvé un hôtel et s’être renseigné où se trouve l’école de notre filleule, Christel ne va pas mieux. Je rencontre deux jeunes garçons qui veulent bien me guider contre une petite rémunération jusqu’à son école qui est relativement éloignée et nous louons 2 scooters. Christel reste à l’hôtel et nous voilà partis jusqu’à l’école où je rencontre l’instituteur de notre filleule. Il m’explique qu’elle ne vient que très rarement à l’école car elle habite le village le plus éloigné en brousse. Bien décidé à la rencontrer et contre l’avis de mes guides, je décide de continuer le voyage et après de longues heures de chemins chaotiques nous arrivons enfin au village qui ne compte que quelques petites fermes typiques au Burkina. Les parents de notre filleule sont agriculteurs et cultivent un petit terrain en brousse, ils vivent le plus simplement dans une petite pièce, les autres huttes abritent les animaux. Après avoir remis un peu d’argent à la famille et avoir compris que le parrainage et les résultats scolaires que je recevais étaient bidons, nous retournons à Pô. Christel ne va pas bien du tout et je trouve un médecin qui va la remettre sur pied avant notre retour à Ouagadougou par le même moyen de transport qu’à l’aller. Arrivé à Ouaga, nous nous mettons à la recherche d’un hôtel et longeons un boulevard quand Christel aperçoit un immeuble et s’écrie, c’est la banque où travaille Rasmané, allons voir si nous pouvons le rencontrer. Nous nous faisons d’abord chasser de la banque car ils n’acceptent pas les sacs à dos et devons négocier avec le garde à l'entrée pour qu’il surveille nos sacs. Une fois enfin arrivés au guichet nous demandons si Rasmané travaille bien dans cette agence de la banque du Burkina Faso, nous sommes dans un état peu reluisant après notre périple en bus et il nous faut refaire plusieurs fois notre demande à différents responsables avant qu'une secrétaire accepte de prévenir Rasmané que Christel et Michel de Belgique demandent à le voir. Et surprise, on nous conduit au dernier étage où Rasmané nous accueille de la plus belle façon. Nous avions cru rencontrer un simple employé de la banque et nous nous trouvons face à l’inspecteur général. Nous comprenons alors l’étonnement des personnes quand ces deux baroudeurs demandaient à voir leur patron. A partir de ce moment Rasmané va s’occuper de nous comme il le fait encore aujourd’hui en toute amitié après 17 ans malgré le haut poste qu’il occupe dans le holding d’une autre banque. Après Ouagadougou, nous continuons notre voyage vers Bobo Dioulasso dans de meilleures conditions grâce aux bons conseils de Rasmané et arrivons à L’Auberge, un bel hôtel au centre de Bobo Dioulasso. C’est là que nous allons faire la connaissance de Modibo. Un jour que je me rendais au distributeur pour prendre un peu d’argent, je suis accosté par un petit garçon qui vend des serpillères qu’il porte sur la tête, je lui explique que je n’ai pas l’utilité de ce qu’il veut me vendre mais il insiste pour m’accompagner. Il m’explique qu’il travaille pour aider sa maman afin qu’elle puisse lui payer l’école et me pose différentes questions sur qui je suis et ce que je fais. Nous retournons jusqu’à l’hôtel et j'explique à Christel ma rencontre avec ce garçon que j'ai trouvé très intéressant et sympathique. Nous partons manger tout près de là et nous nous installons à une terrasse, Modibo est toujours en train de vendre ses serpillères quand je l’aperçois. Je l’appelle immédiatement et l’invite à déjeuner. Christel va comme moi être totalement séduite par ce petit bonhomme et nous sommes très heureux de pouvoir lui offrir un bon repas. Au moment de se quitter, il nous remercie et nous lui expliquons que nous quittons Bobo pour retourner en Belgique le lendemain matin, je lui donne un billet qui pour moi n'est pas beaucoup d’argent mais qui va considérablement aider sa maman. Le lendemain matin je pars à la recherche d’un taxi et le garde de l’hôtel me dit qu’un petit garçon nous attend depuis tôt le matin et qu’il vient de partir pour l’école mais il va le rattraper. Nous sommes tellement contents de le revoir que nous allons retarder de quelques heures notre départ, Christel va l'emmener dans la chambre et va un peu l’habiller avec une chemise trop grande et je vais lui demander de me conduire chez son papa qui est tailleur dans le grand marché. Nous traversons le marché, un labyrinthe où on peut tout acheter où Modibo me guide jusqu'à son papa à qui je vais demander de pouvoir prendre en charge la scolarité de son fils. Rentrée en Belgique, Christel va créer l’ASB Modibo et va la développer pendant 12 années avant que je continue car ses problèmes de santé ne lui permettent plus de voyager. Pendant toutes ces années nous allons recevoir une aide inestimable de la part de notre ami Pierre Bangaré qui est le coordinateur local, avec sa moto il va, pendant des années faire le tour des écoles avec Christel comme passagère, Pierre a travaillé toute sa carrière dans l'enseignement et il connait tout le monde.  Avant cela, Christel a travaillé pendant des années pour les enfants de Tchernobyl. Elle a toujours œuvré pour le bienêtre des enfants dans le monde et nous espérons pouvoir continuer le plus longtemps possible dans cette voie.